80ans depuis la Défaite du Fascisme
- vladlenvzverev
- 9 mai
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Ce 9 Mai 2025 nous célébrons le 80ème anniversaire de la Victoire sur la barbarie fasciste. Une Victoire contre le mal absolu, incarné par le IIIème Reich qui n’avait pour objectif que la destruction, la mort et le sacrifice du bonheur des peuples pour les soumettre à l’esclavage d’une clique de tyrans fous, imbus de leur personne et ne cherchant qu’à assouvir leur soif de pouvoir ainsi que leur goût pour le luxe. Ces monstres, qui avaient poussé l’Humanité au bord de l’abîme étaient désormais vaincus et pour beaucoup, ils étaient déjà morts. Ils avaient instrumentalisé la passion des peuples et les avaient remplis de haine et d’histoires mensongère les poussant au meurtre et au sacrifice pour un idéal fondamentalement faux : leur faire croire qu’ils étaient supérieurs aux autres et qu’ils avaient été humiliés et tenus à genoux alors qu’ils meritaient de dominer leurs voisins et dicter leurs lois.
Et ces monstres avaient été vaincus en grande partie par le sacrifice de nos soldats, nos arrière-grand pères combattants et nos ancêtres civils ayant subi le plus de privations et d'efforts pour rendre la Victoire possible. Ne serait-ce que dans ma famille, tout le monde y avait participé. Un de mes arrières-grand-père y était mort. L’autre a combattu, de Russie jusqu’à Berlin. Mes arrière-grands-mères ont également combattu, de leur façon. En faisant fonctionner les usines, en ayant pris soin des blessés. En s’entraidant tout simplement. L’exploit de notre peuple est le ciment sur lequel a été construit le monde moderne que certains désormais cherchent à détruire. Mais il est capital pour nous d’honorer leur mémoire et de nous souvenir de qui ils étaient, ce à quoi ils aspiraient, ce qu’ils ont combattu. Nous devons prendre exemple, pour continuer leur lutte, pour construire le monde dont ils rêvaient, pour protéger ce qu’ils ont construit et nous ont transmis. Nous devons comprendre où se trouve le bien et se trouve le mal, pour leur faire honneur, pour que leur sacrifice ne soit pas vain. Alors qui est-il ce héros de 1945 ? Où se trouve-t-il le 9 Mai ? Que pense-t-il ?
Le 9 Mai 1945, le soldat russe se tient victorieux dans l’antre de la bête. Il a vaincu l’ennemi de l’Humanité. Il a détruit ce monstre assoiffé de sang, qui a sacrifié son peuple dans un délire de conquête et de haine de l’autre. L’ennemi ce jour-là fut un mouvement politique porté par la passion primale d’un désir de vengeance exagéré. Le chef suprême ennemi avait convaincu son peuple qu’il avait été humilié et qu’il fallait rétablir une “injustice historique” en reprenant les terres qu’ils avaient perdues, qu’il fallait revenir en arrière, vers un âge d’or révolu. Leur chef avait détruit dans son propre pays la raison et le progrès et subjugué son propre peuple à la peur et au militarisme. La plus noble des choses était de mourir pour sa race, sa culture et son chef. Ce monstre avait violé nos frontières, était venu chez nous pour nous tuer et nous exterminer. Il était venu pour effacer la Russie de la face de la Terre et transformer notre pays en vaste territoire servant les intérêts de l’Allemagne et voulait transformer notre peuple en esclave, en race inférieure servant la race supérieure : la sienne.
Le soldat russe, lui, s'est battu, a souffert et a tué pour sauver notre pays et notre peuple. Mais pas seulement. Son sacrifice allait au-delà de notre propre survie. Il se battait pour libérer le monde de la terreur infligé par ce monstre fasciste qui avait occupé et détruit les civilisations et les libertés de l’Europe. Notre soldat se battait pour le progrès, pour la tolérance, pour l’avancement de l’espèce humaine sur la voie de l’émancipation de chacun. Notre soldat représentait l’Humanité dans son ensemble, avec ses différentes religions, ses différentes ethnies et ses différentes aspirations. Il n’avait pas commencé cette Guerre, il ne l’avait pas voulue. C’était pour lui une tragédie. Mais il avait fait son devoir patriotique et avait sauvé le monde.
Bien sûr, tout n’était pas aussi noir et blanc que je le décris ici. Et bien sûr que notre armée avait également commis des atrocités et qu’il y avait une part d’ambition dans les conquêtes de l’armée rouge. La réalité n’est jamais aussi belle qu’on voudrait le croire. Certains des nôtres n’étaient pas aussi nobles qu’on l’aurait voulu et l’Histoire qui a suivi la guerre a montré que l’URSS n’était pas aussi libératrice de l'humanité qu’elle ne voulait le paraître. Mais au moins faut-il reconnaître deux choses, qui que vous soyez et quelle que soit votre idéologie ou nationalité. La première est que les crimes commis n'entâchent pas les intentions de la Nation dans son ensemble (sinon les crimes commis suffiraient pour dire que toute armée est criminelle) et surtout deuxièmement, que l’URSS, ce jour-là, se bat vraiment pour le progrès et pour l’Humanité.
En ce 9 Mai 1945, le soldat russe peut être fier. Il a gagné. Il a défendu la mère-patrie et a liberé le monde du monstre nazi. Ce qu’il veut c’est la paix. Ce qu’il dit c’est “Non à la Guerre”. Ce qu’il veut c’est rentrer chez lui, revoir les siens et contribuer à la construction d’une société pacifique, plus juste, plus équitable, au bénéfice de tous, peu importe leur religion, nationalité ou croyance. Ce qu’il veut, c’est un monde émancipé où toute personne est traitée avec dignité et où personne n’exploite son prochain pour son bénéfice et prétend en plus lui être supérieur. De nombreuses déceptions l’attendent … Mais c’est ce à quoi il aspire.
Le soldat russe de 1945 est un combattant de la Liberté. Loin d’être parfait, mais aspirant l’être. Il est du bon côté de l’Histoire. Et on peut en être fiers.
***
Le 9 Mai 2025. 80 ans plus tard. Le soldat russe a envahi le territoire de son voisin et a tué son frère ukrainien parce qu’il y a été forcé ou parce qu’on lui a promis une grosse somme d’argent. Pour alimenter la machine de mort, le Kremlin “achète de la viande” sur le marché en proposant des contrats juteux à ceux qui sont destitués et qui n’ont aucun espoir. Ruinés et appauvris comme jamais, les russes d’aujourd’hui acceptent de tuer pour s’acheter une maison, une voiture ou pour éponger leurs dettes. On est très loin des idéaux de libération, de défense de l’Humanité ou du progrès social … La misère créée par le Kremlin lui permet d’utiliser par effet de levier l’argent qu’il a volé à son propre peuple pour se l’acheter et ensuite l’envoyer à l'abattoir en vue de nourrir ses propres appétits de pouvoir et de cupidité.
Idéologie ? Certes, la propagande en produit chaque jour. Les récits portent sur … La réparation d’une supposée “injustice historique” et le besoin de venger une supposée “humiliation” en reprenant des territoires que l'on aurait perdus. Pendant ce temps, notre leader suprême nous parle de reconquérir un “espace vital” pour la Russie et la défense de nos valeurs traditionnelles et de notre civilisation en opposition à un Occident décadent et trop rationaliste. Il instrumentalise donc la passion et la haine pour détruire la raison et la volonté de progrès. Il nous parle également de rétablir un supposé âge d’or révolu et nous promet de revenir en arrière. C’est pour celà nous dit-il qu’il nous fallait traverser la frontière d’un autre état et y apporter le meurtre et la destruction. Ces terres, nous dit-il, nous en avons besoin pour les exploiter à notre profit et leur population est voué à nous servir nous vu qu’ils nous sont inférieurs. Il utilise la peur et le militarisme pour subjuguer notre peuple à sa volonté et l'envoie se sacrifier pour lui, pour son propre plaisir. La plus noble des choses pour lui ? Mourir. Mourir pour notre race, notre culture et notre chef. Et bien sûr, si nous avons envahi notre voisin, c’est pour effacer de la face de la Terre l’Ukraine en elle-même, un état nous dit-il, qui n’a jamais existé et ne doit donc plus exister.
Une folie de haine et de ressentiment, pour justifier une invasion en vue d’éliminer et subjuguer un état pour soi-disant venger une humiliation ? Un combat “sacré” contre la raison et le progrès pour revenir vers un âge d’or ? Mourir pour le chef ?
Nous sommes devenus ce contre quoi nous nous sommes battus en 1945. L’ennemi nazi a en fin de compte gagné car il a fait de nous ceux que nous avons battus en 1945.
Le soldat russe aujourd’hui ne représente plus la lutte pour l’émancipation et la Liberté. Il ne se bat plus pour l’Humanité et pour le progrès. Il se bat pour sa propre avidité et pour ses propres désirs de sang et de conquête.
Nos ancêtres auraient honte en nous voyant aujourd’hui. Nous ne sommes pas dignes d’eux. Nous avons oublié pourquoi ils se sont battus et ont tant souffert. Nous les avons glorifiés et nous célébrons encore leur Victoire tout en oubliant sciemment pourquoi ils ont gagné et pourquoi ils se sont battus et contre quoi. Nous avons oublié leur message “Non à la Guerre” pour le remplacer par un vague “Nous pouvons le refaire !”. Aujourd'hui en Russie, si vous dites “Non à la Guerre” comme le disaient nos héros de 1945 vous serez arrêtés pour avoir soi-disant discrédité une armée qui s’est salie en envahissant son voisin et en tuant pour être payé avec de l’argent volé. C’est une disgrâce absolue.
Ce 9 Mai 2025, le vrai soldat russe, le vrai patriote, le vrai héros. C’est l’opposant au régime de Poutine. Il est le seul dépositaire de notre héritage et il est le seul héritier des héros 1945. Seul lui a la légitimité nécessaire pour célébrer le 9 Mai 1945, jour de la Victoire sur le fascisme au nom de la Liberté, de l’Humanité et du Progrès.
Cette fête est sacrée. Seulement nos compatriotes ont oublié sa signification. Il ne s’agit pas de célébrer comment un soldat russe a gagné contre le soldat allemand. Ou célébrer comment des gens russophones, de culture orthodoxe ont gagné face à un ennemi venant de l’Ouest parlant une langue étrangère.
Ce jour, on célèbre la Victoire sur un régime facsiste meurtrier et aveuglé par la passion. On célèbre la Victoire d’un dévouement à une cause juste, noble et universelle. Ce jour-là, le soldat russe représentait le meilleur de l’Humanité. J’espère qu’un jour, il le représentera à nouveau car malheureusement, il ne le représente plus de nos jours …
PS : Concernant le bataillon immortel.
Cet événement qui a lieu chaque année était au départ un beau événement : il s'agissait de rendre hommage à ceux qui se sont sacrifiés ou ont combattu le nazisme pour défendre l’Humanité. Malheureusement le Kremlin l’a instrumentalisé pour l’utiliser dans le but de justifier sa propre politique et obtenir l’adhésion du peuple russe à ses projets en jouant l'amalgame entre le héros d’hier et les soi-disant “héros d’aujourd’hui”. Aujourd’hui, j’assiste médusé à comment les descendants des héros de 1945 utilisent leur effigies pour justifier une politique qui est le contraire de ce qu’ils voulaient. J’entends avec horreur comment nos compatriotes chantent des chansons patriotiques mécaniquement sans réfléchir au sens des paroles (car les paroles veulent clairement dire le contraire de ce que le Kremlin défend !). Tout a été perverti et sachez que si vous participez à ce genre d'événement et que vous soutenez le Kremlin, vous n’êtes pas digne de la personne dont vous brandissez le portrait.
Mais j’aimerai aussi m’adresser à certaines personnes de l’opposition qui veulent faire des “contre-marches”. Vous voulez faire des contre-marches contre quoi ? La politique de Poutine et contre la Guerre ? Je le comprends bien et je suis avec vous. Mais vous allez (indirectement bien-sûr) marcher contre les portraits de nos vrais héros qui ont combattu (et gagné sur) le fascisme ! Et cela, je ne peux pas l’accepter ni y participer.
Ce qu’il nous faut faire, c’est reprendre cet événement à nôtre compte ! Nous sommes les véritables héritiers des héros de 1945. Soyons-en fiers ! Nous devons faire comprendre à nos compatriotes qui est du bon côté de l’Histoire et qui porte encore l’étendard de nos héros pour qu’ils nous rejoignent et abandonnent les mensonges et les fantaisies que leur nourrit le Kremlin. Nous devons prendre exemple sur les héros de 1945 qui n’avaient pas peur, qui ne pensaient pas à leur confort ou aux difficultés auxquels ils faisaient face comme étant insurmontables. Cette fête est la notre. Pas celle du Kremlin ! Pour reprendre notre peuple et notre pays, il faut aussi avoir le courage de reprendre nos fêtes et nos symboles !
Je finirais donc ce texte en modifiant légerement les paroles d’une chanson patriotique célèbre :
Debout pays immense, debout pour le combat mortel,
Avec cette ordure fasciste et contre cette Guerre maudite !
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