Comme lors des articles précédents, nous continuons notre analyse du XXIème siècle via la métaphore des quatre cavaliers de l’Apocalypse. Cette semaine, c’est la Pestilence qui prend le premier plan. Après la Guerre qui apporte la Famine, la Famine affaiblit les systèmes immunitaires des personnes et amène ainsi la Pestilence.
En ce deuxième jour de Confinement, après voilà déjà presque une année de la pandémie COVID-19, mon propos n’a jamais été plus d’actualité. Lorsque j’écrivis la première version de cette chronique en 2015, je ne pensais d’ailleurs pas que mes prédictions se réaliseront aussi vite. Mon horizon fut toujours la moitié du siècle, l’an 2050. Et une de mes premières pensées en Janvier 2020, lorsque l’OMS déclara au monde l’existence du SRAS-Cov2 fut “Déjà ? C’est bien trop tôt par rapport à ce que je pensais …”
Pourtant cette crise était prévisible, tout comme le sont, hélas, les crises futures. Un seul indicateur suffit pour comprendre qu’il y a une accélération des pandémies : Entre la fondation de l’OMS et l'an 2000, il y a eu environ 3 alertes internationales. Entre 2000 et 2020 il y en a eu un peu plus de 5. Dans la seule année 2020, il y en a déjà deux (COVID-19 et nouvelle grippe porcine transmissible à l’Homme en Chine). Le rythme des maladies nous prend de court et qu’en sera-t-il en 2050 ?
Mais au lieu de terrifier à nouveau l’audience avec un scénario horrible (et cela est très simple vu que la COVID 19, de toutes les pandémies mondiales, semble être la plus douce, eh oui, ce que nous vivons aujourd’hui en termes de confinement, crise économique et destruction de vies est léger par rapport à ce qui peut arriver), je vais plutôt me concentrer sur les causes des pandémies.
Tout d’abord je souhaite évacuer la question de la libéralisation des échanges. De nombreux nationalistes voudraient nous faire croire que la première cause des pandémies mondiales c’est la porosité des frontières à cause du mondialisme. Sans considérer le fait que cet argument n’est que récupération politique pour jouer la carte de la xénophobie et du protectionnisme économique et non pas un vrai argument de santé publique, cet argument est en grande partie faux.
Certes les canaux commerciaux favorisent le transport de marchandises et de personnes et donc des maladies. Certes sans ses canaux les épidémies seraient plus limitées géographiquement. Mais deux contre exemples suffisent pour nuancer ce propos. Premièrement la Grippe Espagnole. En 1918 et en 1919, le commerce international était plus ou moins au point mort. Pourtant, la maladie a allégrement franchi les tranchés pour se multiplier chez l’ennemi, avec qui aucun échange commercial n’avait lieu. De plus on a retrouvé des victimes de la Grippe Espagnole parmi des populations coupées du monde (comme les Inuit par exemple), ce qui veut dire que même une isolation totale ne leur a pas permis d’en réchapper. Autre exemple : la Peste Noire. A un moment de l’Histoire où peu de commerce international avait lieu, une maladie a réussi à détruire jusqu’à la moitié de la population européenne alors que l’Europe participait peu au commerce issu des routes de la soie (d’où venait la maladie).
Enfin, le libéralisme permet une croissance exponentielle des moyens médicaux, financiers et humains. En d’autres termes, si aujourd’hui on peut lutter contre la COVID 19 via les hôpitaux, les traitements et le confinement sans que les gens ne meurent de faim dans la rue, c’est parce que nous avons les ressources pour le faire. Et nous les avons grâce à la libéralisation des échanges.
La vraie source des pandémies, et de tout temps, fut une mauvaise gestion des épidémies.
Si la Chine avait, dès Septembre confiné Wuhan et le Hubei. Si dès Octobre les communications avec cette région étaient coupées avec le monde entier. Si la Chine avait été honnête avec elle-même et les autres dès le départ, nous n’en serions pas là. Si nous non plus nous n’avions pas été optimistes ou si nous n’avions pas eu recours au déni comme mode de gestion de crise, nous n’en serions pas là.
Toute cette situation était évitable. Tous ces morts le sont pour rien. Tous nos espoirs et toutes nos économies sont détruites par lâcheté humaine et par paresse ... pour rien.
Mais si la gestion fut inexistante, cela n’explique pas l’émergence constante de nouvelles maladies et de nouveaux dangers.
Les nouveaux dangers viennent, surprise surprise, du réchauffement climatique et de notre modèle économique. Le changement des climats et des milieux de vie pousse les animaux à bouger et à changer leurs modes de vie. Ayant moins de nourriture à cause de leurs nouveaux habitats, leurs systèmes immunitaires s'affaiblissent et ils deviennent malades plus vite, en passant ces maladies à leurs voisins, y compris l’Homme. Certes une meilleur régulation des commerces d’animaux sauvages est nécessaire pour éviter un drame à la Wuhan mais ne pourrait-on pas plutôt traiter la source du problème plutôt que son symptôme ?
Regardez l’excellent film “Contagion” (qui est franchement prophétique quand on voit l’année 2020). Toute l’horreur de film a lieu car une compagnie américaine a vendu du matériel de déforestation à la Chine qui l’a utilisé pour détruire une forêt par avidité commerciale. A cause de cela des chauves-souris ont abandonné leur habitat naturel et ont infecté les cochons élevés pour la consommation humaine. Et lors d’une rencontre avec sa clientèle le chef cuisinier, après avoir manipulé la carcasse d’un cochon malade, va serrer la main (sans se l’être lavée avant) de ses clients qui sont les premiers contaminés.
Moralité de l’Histoire : à vouloir jouer les Dieux avec l’environnement ont fini par avoir des surprises.
Le réservoir des menaces épidémiques est immense. Les scientifiques considèrent que plus de 80% des virus de cette planète nous sont inconnus car ils "vivent" dans des environnements sauvages avec lesquels nous n’avons aucun contact. Plus cet environnement est détruit, plus nous serons en contact avec ces maladies. Et plus le réchauffement climatique fera fondre les steppes du nord, plus de maladies de la préhistoire (qui ont "disparu") reviendront nous hanter. Sans oublier bien sûr la croissance des bactéries résistantes aux antibiotiques (qui apparaissent à cause des gens qui ne finissent pas leurs traitements) ou celles encore résistantes aux désinfectants. Tout cela peut créer une véritable Peste contre laquelle on ne pourra rien. En ajoutant le déclin des vaccinations (parce qu'internet est rempli de charlatans et de gens crédules) et notre apathie globale, nous sommes plus que jamais face à un danger sanitaire mondial et prolongé en ce siècle.
La question n’est pas “Quand finira la COVID 19 ?” mais “Comment éviter la prochaine ?”. Et avec la Guerre et la Famine, la Pestilence elle aussi nous regarde avec appétit.
La semaine prochaine, pour conclure sur cette première phase de la chronique, je vais me pencher sur le dernier cavalier : la Mort. Pour moi, la Mort du XXIème siècle est de toute évidence l’Extinction Massive des espèces qui nous attend à cause du réchauffement climatique. Cela me permet de conclure sur le fil rouge de ce siècle : la catastrophe climatique qui est la priorité numéro un pour l’Humanité dans son ensemble.
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