Après une longue absence involontaire (mon ordinateur a eu besoin de réparations) je reviens aujourd’hui avec la suite de la chronique sur le XXIème siècle avec un sujet crucial : la famine.
Tout d’abord je tiens à souligner que dans l’allégorie des quatre cavaliers de l’Apocalypse (comme utilisée précédemment), la Guerre est suivie par la Famine. L’enchaînement est logique : la Guerre mobilise des ressources considérables et si ce n’est par le pillage direct, une armée a tendance a avoir la priorité en ce qui concerne l’allocation de ressources au sein du budget d’un Etat. Ainsi les famines et les pénuries de la Seconde Guerre Mondiale ont été les résultats directs de l’état de guerre.
Donc si on conçoit un XXIème siècle rythmé par des déstabilisations tels que les Guerres climatiques et les Guerres par proxy ainsi que les risques inhérents aux différents flashpoints, il n’est pas difficile de voir en quoi cela peut amener à des famines dans certaines régions du globe et à une diminution drastique du niveau de vie. Rappelons au passage que notre mode de vie dépend beaucoup des échanges internationaux et que ceux-ci peuvent être interrompus par ces guerres-ci justement. Après tout, la Guerre, c’est mauvais pour les affaires.
Mais dans notre cas présent, le problème est double. Car si les Guerres engendrent des famines, les famines engendrent encore plus de Guerres. Voici ce que peuvent se dire les gens souffrant de famine : "quitte à mourir de toute façon, pourquoi ne pas le faire en essayant de prendre les ressources d’autrui ?" Par cette seule phrase on peut résumer au moins la moitié des conflits armés de l’Histoire de l’Humanité dans son ensemble. Alors si la Guerre amène la Famine et la Famine amène la Guerre, nous entrons dans un cercle vicieux qui a pour résultat la destruction totale de l'ordre public. Et ceci n’est pas une spéculation fantaisiste ou du sensationnalisme utilisé pour faire des vues. C’est le sujet de ce qu’on appelle la “Collapsologie” sur laquelle je reviendrai en fin de chronique.
Une autre chose doit être aussi mise en lumière : l’essentiel des famines depuis le début du XIXème siècle sont des famines évitables : en effet, si avant l’ère industrielle les famines étaient liées au manque de ressources, ce n’est plus le cas depuis l'avènement de la Révolution Agricole et de l’Agriculture Industrielle (grâce à l'utilisation des produits chimiques et des pesticides, mais aussi grâce aux nouveaux moyens de transport plus performants et de l'invention de systèmes de réfrigération). Il faut donc comprendre que les famines modernes sont des famines issues non pas d’un manque de moyens mais d’une mauvaise allocation de ces moyens. Ce sujet peut faire l’objet d’un article entier et je m’y attellerai un jour mais gardez à l’esprit l’image suivante : des pays africains souffrent de famines liées à la monoculture alors que le monde développé gaspille des tonnes de nourriture tous les ans. Le riche jette à la poubelle ce qu’il a acheté de trop alors que le pauvre meurt de faim dans la rue.
Avec ces bases posées, voici ce qui nous attend au XXIème siècle :
Nous savons que la population mondiale devrait se stabiliser à un chiffre autour de 10 milliards d’êtres humains à l’horizon de 2100. Nous savons aussi que déjà aujourd’hui nous surexploitons les sols et que nous avons déjà besoin d’une planète et demi pour subvenir à nos besoins. Nous sommes en fait en excédent de population “viable”. Ou en tout cas en mode de vie viable car si nos habitudes alimentaires changent et si la nourriture est mieux allouée nous pourrions peut être mieux nous en sortir.
Dans le même temps, nos terres arables diminuent … Nos climats changeants rendent certaines saisons propices à l’agriculture plus courtes et d’autres saisons, comme les sécheresses, plus longs. Nous avons aussi de plus en plus d'événements climatiques catastrophiques et qui le sont aussi pour l’agriculture … Nous avons une pollution des eaux et des terres qui font que bientôt notre production globale va baisser. Si nous faisons l’addition de l’augmentation de la population et de la perte de produit agricole global, nous voyons une perte nette de 25% de nos ressources disponibles par personne. Cela veut forcément dire famine mais aussi veut dire moins de nutriments et de nourriture par personne pour un prix de l’alimentation en nette explosion.
Vous pouvez deviner par vous-même le résultat de cette dynamique : l’instabilité interne des Etats et l’avidité de conquérir les ressources de ses voisins. On peut aussi aisément deviner qu’il y aura des mouvements migratoires de masse. Les crises des réfugiés modernes est une blague à côté de ce qui nous attend. Les réfugiés climatiques, qui perdent leurs terres à cause de la monté des eaux, ou qui quittent leur pays car celui-ci est devenu aride, risquent bien de se compter par millions voir par dizaines ou centaines de millions. Ce genre de mouvement de personnes est synonyme de violences jamais vues et d’instabilité politique capable de mettre fin à la vie des Etats. Là non plus je ne fait pas preuve d’imagination vu que ce sont bien des mouvements migratoires sans précédent qui ont mis fin à l’âge de bronze, à l’Empire romain d’Occident et aux civilisations de l’Indus, pour ne citer qu’eux.
Si vous ajoutez donc mes deux premières chroniques sur ce sujet, nous avons déjà un constat accablant pour ce XXIème siècle. La solution reste d’ailleurs la même : une meilleure coopération internationale car c’est un problème commun à l’Humanité dans son ensemble, et une meilleure allocation et gestion des ressources ce qui appelle à une refonte du modèle économique et politique actuel.
Mais si vous pensez que c’est tout ce qu’il y a de terrifiant dans ce qui nous attend, attendez de découvrir le troisième cavalier. Un cavalier que vous connaissez déjà. C’est le "sponsor officiel" de l’année 2020 : Pestilence. Car comme on le verra la semaine prochaine, la Guerre et la Famine ont tendance à encourager les pandémies. Et comme je ne m’y étais pas trompé en 2015, le XXIème siècle sera un siècle de pandémies sans précédent. La COVID 19 n’est malheureusement qu’un aperçu de ce qui peut nous arriver.
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